Plus de personnel, et plus d'argent. C'est ce que revendique toujours le personnel soignant du CHU de Purpan. Environ 200 personnes ont répondu à l'appel des syndicats.
L'appel a été lancé par la CGT et Sud solidaires. A 14h le personnel soignant du CHU de Purpan s'est retrouvé devant l'hôpital pour crier leur colère. "Ni la direction, ni le gouvernement n'ont l'intention de satisfaire les revendications des hospitaliers" indique leur communiqué. Des revendications qui se sont fait entendre bien avant le début de la crise sanitaire liée au coronavirus. "C'est le moment où jamais d'obtenir ce qu'on veut depuis des mois, des années" explique Julien Terrié, secrétaire à la CGT du CHU de Purpan. Et d'ajouter :"à savoir : plus de moyens pour l'hôpital c'est à dire plus de lits, plus d'embauches et plus de salaire".Ce lundi 11 mai, jour de déconfinement, ils étaient environ 200 à espérer ne pas se faire oublier.
Ce qu'il s'est passé, c'est d'abord un manque de matériel en pleine crise du coronavirus, détaille Diami Bourgade, aide soignante. Ecoutez son témoignage :On va commencer à ne plus nous applaudir, à nous oublier, à lâcher un peu l'aura qu'on a pu avoir. Et c'est justifié, on sait qu'on va vite oublier ce qu'il s'est passé. Et ce n'est pas possible d'oublier, explique Julien Terrié, secrétaire CGT au CHU de Toulouse et manipulateur en radiologie.
Investissement massif
Le personnel soignant gréviste ce lundi 11 mai réclame un investissement massif dans les hôpitaux. Pour Julien Terrié, cela passe par deux points :- L'annulation de la dette des hôpitaux. "A Toulouse on aurait 400 000 millions d'euros d'un coup, c'est énorme pour investir" détaille-t-il.
- L'exonération de l'impôt prélevé sur les hôpitaux.
Cet investissement permettrait notamment une revalorisation des salaires. "N'importe quelle personne dans le privée avec des tâches comprenant moins de responsabilités que nous a un salaire beaucoup plus élevé. Ce n'est plus possible. Sinon tout le monde va partir. Et quand il n'y aura plus de soignants qu'est-ce qu'on va faire ? Il faut embaucher du monde et augmenter les salaires pour se rendre attractif" développe Julien Terrié. Il espère que la logique capitaliste cesse de s'appliquer au secteur de la santé.
Gilets jaunes
"On est là, on est là, même si Macron ne veut pas de nous, on est là, pour l'honneur des travailleurs et pour un monde meilleur même si Macron ne veut pas de nous, on est là" chantent à plusieurs reprises les grévistes. Parmi eux, près de la moitié sont des gilets jaunes. C'est le cas de Dopamine, clown : "ça fait deux ans que, quand on rentre chez soi le soir, on est soulagé de s'en être tiré", évoquant à la fois les violences policières, et le coronavirus.
"Les revendications ne s'arrêtent pas au mur de l'hôpital" affirme une soignante au micro. La foule l'applaudit. "Les gilets jaunes sont en majorité des personnes qui exercent des professions qui sont en première ligne, comme nous, pendant cette crise" explique Julien Terrié.
A 14h41 les premiers fumigènes jaunes d'abord, puis noirs, se font sentir et voir. "Arrêtez, il y a des patients hospitalisés !" crie une soignante gréviste depuis la foule.
Chorégraphies et reprises musicales
Ce rassemblement se fait appeler "gestes barrières" sur les communiqués des syndicats. Si les manifestants portent tous un masque, il est plus difficile de respecter la distanciation sociale. Au micro, ils sont plusieurs à répéter "écartez-vous les uns des autres".
Alors quand les chorégraphies commencent à se former, les soignants tentent de danser à un mètre les uns des autres. Les pas de danse s'enchaînent sur la reprise de "Basique" d'Orelsan par un employé du CHU, puis sur une reprise de "Trois Cafés gourmands". Vient ensuite le tour d'"à cause des garçons", qui devient "à cause de Macron".
A 15h17, les danseurs soignants commencent à s'essouffler, autant que le mouvement de grève. Certains commencent à partir. En s'éloignant un homme dit à son ami : "tu seras là samedi ?". L'autre ne comprend pas. L'homme reprend : "pour les gilets jaunes!". Le déconfinement annonce donc aussi un retour des manifestations.